Seulement dans des livres, comme vous dites. Seulement! Les livres ne peuvent jamais être seulement ; ils peuvent seulement être toujours.
Jeff Noon

27 oct. 2014

Conversation en orbites croisées

  Je viens d’offrir à mon double (mordue plus que de raison de la Marguerite) le livre d’entretiens entre Marguerite Duras et Jean-Luc Godard que voici :



   Elle se plaint alors que, par ce cadeau, je la détourne du droit chemin des révisions pour son concours. Ce à quoi je réponds bien entendu qu’elle exagère et que, franchement, il n'est pas bien long ce bouquin et de surcroît, truffé de dialogues donc, rapide à lire, en une soirée c’est une affaire torchée.


   Et là, mon double me soutient, je cite : 
« tu rigoooooles j’espère? Il faut le sa-vou-rer! Deux génies qui se rencontrent, tu te rends compte?! ». (Ouais je reconnais que, parfois, mon double a de belles tournures. Cela dit, sur ce coup là, je crois qu’elle n’a même pas fait exprès.)


   Alors là, je dis quand même que pour ce livre, finalement, tout est dans la photo et que je peux lui faire le résumé de l’entretien moi. Démonstration par l’exemple.


-Tu veux du feu Margot?

-Ouais je veux Goddie, je veux.

-Et sinon, t’en penses quoi de mon dernier film Margot?

-Ben c’est de la merde. Moi, j’y mettrai un peu plus de sabres laser, un ou deux elfes bien gaulés, peut-être aussi un vaisseau spatial avec un moteur à générateur d’improbabilités infinies (ou finies c'est selon) mais à voir quand même pour le budget. Et puis du vent, des bourrasques de vent, et on dirait que les elfes, y chercheraient l’origine du vent mais comme ils auraient perdu leur anneau du pouvoir gps, ils cherchent, ils cherchent et un jour, ils tomberaient dans une brèche, une sorte de faille quoi, où ils croiseraient un macareux qui récite Mallarmé. Et puis, au milieu, je rajouterai un bellâtre, tu vois le beau mec aux yeux bridés (moi j’aime bien les asiatiques en costume blanc mais on peut changer) qui se taperait l’elfe, tu vois, histoire de lui apprendre la vie. Mais l’autre elfe serait pas content et du coup, il tomberait sur le bellâtre à coup de sabre laser et là, PAF! Surprise scénaristique mon Jeannot! On apprendrait qu’en fait, il serait son père.

-Qui ça? L’elfe ou le chinois?

-Mais non, le macareux, arrête de suivre Jeannot. Bon je veux bien qu’on a liquidé pas mal (d’ailleurs crois pas que je t’ai pas vu remplacer mon blanc par de l’eau) mais quand même! C’est pas compliqué c’que j’te raconte.

-Ah je vois! T’es vraiment trop forte Margot. Et on appellerait ça comment?

-Faut vraiment tout te dire à toi, hein! T’as beau avoir des lunettes en cul de bouteille, tu vois pas le monde plus grand pour autant! Faut faire simple, genre : La horde de l’amant du Néantwars et l’anneau perdu.



   Et voilà, emballé c’est pesé! Si vous aussi vous pensez que ça s’est bien passé comme ci-dessus décrit, tapez 42.

13 oct. 2014

C'est pas moi qui le dis, c'est que ça doit être bon . . . aussi.

  En attendant qu'un regain de vitalité, un sursaut de bonne volonté ainsi qu'un soupçon de moral viennent me foutre un coup de pied au cul pour m'occuper à nouveau correctement de ce blog, je peux aussi, parce que je fréquente des gens intéressants (pas beaucoup mais quand même), leur céder la parole. En l'occurrence, une fois n'est pas coutume, je vais laisser un peu de place dans le lit à Copain-de-moi, plus communément appelé Karim (j'avais prévenu sa mère que Copain-de-moi c'était plus original comme prénom, elle n'a pas voulu m'écouter, je me demande encore pourquoi mais bon...), Mister K pour les intimes, pour un livre de Philippe Bordas, Chant Furieux.



  "L’un des plus remarquables romans  de cette rentrée littéraire 2014. Il est grand et lumineux. Il parle d’amitié, de don et de noblesse. Il parle de poésie  et de beauté. L’écriture est d’une richesse telle que ce roman vibre comme un manifeste, une nouvelle défense et illustration de la langue française   
Memos se rend d’un pas décidé chez son ami Wakami. Il veut lui offrir un cadeau : celui de l’incroyable récit des jours vécus aux côtés de Zinedine Zidane.
Memos est photographe, il écrit avec les images. Wakami est un artiste de la langue française, un authentique enfant de la poésie. Son intelligence radieuse est une épreuve pour celui qui lui parle. Wakami est aveugle. Memos sait qu’il  doit par ses mots  « faire voir »,  « faire naitre les images » à l’esprit de Wakami, à son monde intérieur. Paysages, lumières, sensations, mots qui s’ouvrent comme des coquilles et d’où surgissent des leçons de vie, le lecteur reçoit tout le bénéfice de cet art du récit.

Au fil de quatre livres,  quatre tombeaux pour toujours,  Memos sait  toucher l’âme en décrivant le tableau singulier de cette rencontre avec le grand footballeur,  demi-dieu des temps modernes, un vrai personnage de roman qui vit au cœur des 481 pages de ce chant. Dans un  souffle incantatoire, Memos convoque toutes les langues françaises pour dire à la fois la force d’un mythe et le plus taiseux des hommes, pour dire la profondeur du regard, l’énergie d’un corps, l’art du geste de cet athlète unique. Mais au-delà, ce roman rend surtout  à Sidibé, à Mouss,  à cette humanité d’enfants pleins de rage qui, comme Zinedine,  tentent chaque jour de s’arracher à leur condition. Ainsi, ce chant furieux et bouleversant, nous plonge page après page dans un état d’humble grâce."
Karim


  Et voilà! Et c'est pas fini! Je dirais même que ce n'était qu'une mise en bouche car pour ceux qui seraient sur Grenoble ce jeudi 16 octobre, des chaises seront disponibles (à la librairie Arthaud) pour poser leurs fesses et venir écouter Karim parler et faire parler Philippe Bordas. Et si je vous conseille fortement de venir, c'est parce que quand Karim est lancé, il peut vous donner envie de lire avec passion et/ou acharnement jusqu'au manuel d'utilisation de votre dernier appareil électroménager, voire du dernier amendement à une obscure loi régissant l'installation des poubelles publiques. Alors je vous dis même pas ce qu'il va pouvoir faire avec un livre intéressant!

  Vous pourrez pas dire que vous avez pas été prévenus. Viendez nombreux écouter deux hommes passionnants, vous ressortirez plus intelligents mais surtout moins cons et ça, c'est pas tous les jours qu'on nous le promet.