Seulement dans des livres, comme vous dites. Seulement! Les livres ne peuvent jamais être seulement ; ils peuvent seulement être toujours.
Jeff Noon

31 août 2013

Envie de pop-corn ?




  2154. Comme il se doit, les humains ont tout salopé la Terre : pollution, famine, surpopulation... Les riches sont très riches et les pauvres sont très pauvres. Du coup, pas cons, les riches se sont construit une sorte d'arche de Noé, une station spatiale très sélect toute belle et toute proprette, bien visible depuis la Terre, histoire de rappeler aux pauvres qui sont les patrons.

  Depuis qu'il est enfant, Max fait comme les autres enfants : il rêve qu'un jour, il pourra aller sur Elysium. Devenu adulte, il est surtout voleur de voiture en probation. À la suite d'un incident, il n'a plus que 5 jours à vivre, 5 jours pour trouver un moyen d'aller sur Elysium car il n'y a que la-haut qu'il pourra être soigné.


  Qui dit Jodie Foster, dit film que je dois voir. Qui dit Jodie Foster + Neill Blomkamp (réalisateur et co-scénariste de District 9 que j'avais adoré, et qui ré-endosse la double casquette pour Elysium) dit film que je dois Absolument voir. 


  Elysium et District 9 ont beaucoup en commun: par la mise en scène, la photographie et certaines thématiques. On retrouve dans les deux les bidonvilles, le clivage des classes sociales, le héros qui sera amener à choisir son destin. Blomkamp aiment toujours autant les scènes d’action tournées caméras à l’épaule alternées avec de larges plans panoramiques des décors (qui sont juste magnifiques cela dit en passant) histoire de se reposer les yeux.



  Le résultat est bon parce que tout s’intègre bien : les effets spéciaux juste ce qu'il faut pour soutenir l'histoire et non l'inverse, une histoire donc, simple et efficace, sans fioriture, des décors comme je l’ai dit magnifiques (de beauté : Elysium, ou de réalisme : le bidonville, l’usine) et des acteurs de bons à parfaits (oui, là je vais dire quelques mots sur Jodie).


  Donc la meilleure : Jodie Foster, toujours aussi parfaite (c'est limite agaçant). Elle endosse une nouvelle fois (comme dans Inside Man) le rôle de la salope froide, ici une politicienne qui ne craint rien tant qu’il s’agit de protéger son sanctuaire, pas même de prendre des décisions disons, brutales (genre liquidez-moi ces réfugiés avant qu'ils n'arrivent à nos portes) le tout en buvant son café.



  Bref, comme disait Pépin, l'histoire est bonne, elle respecte les codes du genre. Ce qui fait d'Elysium, non pas un film transcendant qui marquera votre vie par la force de son sujet ou son originalité, mais un très bon film de SF qui a la bonne idée de ne pas être trop long et qui a surtout l'intelligence de ne pas prétendre à autre chose que cela.

13 août 2013

Le vol à destination d’Ailleurs, bientôt disponible.


L’Archipel du Rêve.

Des centaines d’îles éparpillées entre le Continent Septentrional et Sudmaieure. Des milliers. Des centaines de milliers. A cause du phénomène des gradients temporels, personne ne sait, aucune carte ne peut être tracée.
Sur les Aubracs sévit un insecte mortel, redouté.
Sur Collago, le secret de l’immortalité a été découvert, mais le traitement n’est pas à la portée de toutes les bourses. 
Sur Tremm, interdite aux civils, des explosions retentissent chaque nuit...
Même dans la zone de neutralité que représente l’Archipel, certains conflits demeurent...

Avec Les Insulaires, Christopher Priest nous invite à explorer certaines îles de l’Archipel du Rêve, nous faisant découvrir leurs mystères, leurs principales attractions touristiques et artistiques. Cependant, il se pourrait bien qu’un meurtre énigmatique, voire plusieurs, se cachent dans les pages de cet atypique guide touristique.



  Vous n’êtes pas parti en vacances faute de moyens, faute d’envie, faute d’autre chose qui ne regarde que vous, alors Les Insulaires est le livre qu’il vous faut.


  Vous êtes parti en vacances mais c’est comme si vous n’étiez pas parti car cela s’est révélé aussi foireux qu’un rencard organisé, alors Les Insulaires est le livre qu’il vous faut.


  Vous êtes parti en vacances et c’était tellement bien que l’idée de revenir vous excite autant qu’un rendez-vous chez le dentiste, alors Les Insulaires est le livre qu’il vous faut. (Si vous faites partie de la catégorie de personne qu’un rendez-vous chez le dentiste excite, pas de problème, Les Insulaires est aussi le livre qu’il vous faut!)


  Bref, vous l’aurez compris, d’où que vous veniez et où que vous alliez, quelque soit le sens de votre vie et du reste, Les Insulaires est le livre qu’il vous faut en cette fin de vacances, période qui coïncide bizarrement avec le début de la rentrée.


 Véritablement conçu comme un guide touristique, Les Insulaires vous emmènera de nouveau au sein de l’Archipel du Rêve. De nouveau, car Christopher Priest avait déjà écrit un recueil de nouvelles sur l’Archipel, judicieusement intitulé L’Archipel du Rêve. Cohérence quand tu nous tiens! Ce sera peut-être un premier voyage si vous n’avez pas lu ce précédent, et ce n’est pas grave car nul besoin de connaître l’Archipel pour pénétrer l’Archipel! 


  Cette fois-ci, Priest dresse un inventaire non exhaustif d’une cinquantaine d’îles en nous donnant moult détails sur le climat, le relief, la faune et la flore autochtones comme tout bon guide touristique, mais aussi en les racontant  par le biais des évènements s’y étant déroulés et des personnages y ayant vécus. Un évènement en particulier, un meurtre, va créer par ses causes et ses conséquences des ramifications dans les autres histoires et relier le destin de plusieurs personnages, comme un fil conducteur, une toile qui s’étend sur toute l’Archipel.


  Ni roman, ni recueil de nouvelles, Les Insulaires en surprendra plus d’un de par cette construction. Certaines histoires ont la touche de dépaysement d’une carte postale, d’autres recèlent une certaine poésie, et presque toutes possèdent une pointe de mystère inquiétant, effet assez typique du fantastique à la Priest. L'auteur souffle le chaud et le froid dans l’enchaînement de ces histoires et quand vous voudriez en savoir plus, il tranche à vif ce suspens créé pour vous emmener complètement ailleurs. Au final, on se rend compte combien on se fait balader, car Les Insulaires se lit justement comme une visite guidée où vous ne choisissez pas votre chemin, où votre impatience d’en découvrir plus est bridée pour mieux être rassasiée au moment où le guide le choisit. Car Christopher Priest  est un guide averti qui maîtrise sa promenade et on lui laisse les rênes avec plaisir.


  Son écriture fluide exerce une nouvelle fois sa magie car une fois entamée la lecture, on se laisse porter tout du long sans se rendre compte du temps qui passe et des 400 pages qui défilent.


 On finit ce roman avec une certaine mélancolie, peut-être même un petit coup de blues, justement comme un retour de vacances mais l’avantage des Insulaires sur les vacances, c’est qu’on peut le relire de suite! 


  Les Insulaires n’est sans doute pas le meilleur roman de Priest, du moins pas à mon goût (Le Prestige et Le Monde Inverti restant mes préférés à ce jour), mais il se positionne pas très loin derrière, je dois le reconnaître.


  Il est apparemment conseillé de lire La Fontaine pétrifiante et L’Archipel du Rêve avant Les Insulaires car ils forment un triptyque. Je ne l’ai pas fait et même si la lecture des trois apporte certainement une force supplémentaire à chacun des livres, la non lecture de L’Archipel et de La Fontaine ne gêne pas la compréhension des Insulaires. Mais à vous de voir.


  Et si vous n’avez jamais lu de Christopher Priest du tout et que vous choisissez Les Insulaires pour commencer (choix au combien audacieux), il vous démontrera cette capacité étrange (et un peu magique) de l’auteur britannique à vous transporter sans aucun effort. Il fait des Insulaires ce que j’aime appeler un «livre à voyager» car où que vous soyez, c’est lui qui vous emmène ailleurs.


CITRIQ

5 août 2013

La vie c'est comme une boite de chocolat . . .


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  Lorsque la narratrice arrive à Hollywood pour y effectuer une recherche biographique sur Buster Keaton, elle ne sait pas encore que son enquête va bifurquer dans une direction très personnelle, réveillant le souvenir d’Henri, ce frère « différent » qui l’a accompagnée pendant toute son enfance. 


  Buster Keaton. Il n’en fallait pas plus pour attirer mon attention et me faire céder à la tentation de lire ce roman de Florence Seyvos. Et bien m’en a pris car si Le garçon incassable ne nous donne qu’une biographie sélective de l’acteur phénomène, il n’en reste pas moins un pur moment jouissif de lecture, d’une densité incroyable malgré ces quelques 170 pages, tout en finesse et en délicatesse, avec ces moments de dureté mais aussi de douceur, et surtout une luminosité qui force le respect et le sourire.


  Le garçon incassable se lit comme se regarde un album photo : à travers ses moments forts et toute la subjectivité de celui qui a pris les photos.


  En faisant un parallèle entre la vie de Buster Keaton, le roi de la chute, et Henri, le frère handicapé de la narratrice, pour qui une flaque d’eau représente un obstacle immense, Florence Seyvos rend hommage à la ténacité de ce frère et de ceux qui ont cru en lui. Elle porte un regard émouvant mais non dénué d’humour sur la différence et sur les relations frères/soeurs, et nous prouve surtout que cet amour fraternel ne dépend pas des liens du sang.


  Le garçon incassable est aussi l’histoire de deux destins loin de la facilité, deux vies moins ordinaires chez qui l’adversité a révélé le meilleur d’eux. Ne vous refusez surtout pas cette belle balade entre vieux films en noir et blanc et moments «forrest gumpiens».


CITRIQ