Seulement dans des livres, comme vous dites. Seulement! Les livres ne peuvent jamais être seulement ; ils peuvent seulement être toujours.
Jeff Noon

31 août 2012

Ne cherchez plus le Nord. Il est en train de lire Cartographie des nuages.



1850 : Adam Ewing, notaire aventurier, découvre les aborigènes.
1931 : Robert Frobisher, jeune musicien, se met au service d’un compositeur de génie.
1975 : Luisa Rey, journaliste risque-tout, déjoue un complot nucléaire.
Plus tard : le clone lettré Sonmi~451 est condamné à mort pour rébellion.
Leur point commun : une étrange tache de naissance. Les couloirs de l’Histoire seraient-ils impénétrables?

«Se préparer à la fin du monde constitue le plus vieux passe-temps de l’humanité»




  Qu’est-ce qui fait qu’un roman se distingue d’une multitude d’autres avec une telle flagrance? Quel ingrédient magique le rend si unique à nos yeux? Cartographie des nuages possède ce petit plus, cette chose indéfinissable qui le fait basculer dans la catégorie des oeuvres incontournables, et pour moi, j’ose le dire (Oui j’suis comme ça, j’ose des trucs de guedin!) dans la catégorie des chefs-d’oeuvre.


  Roman choral par excellence, l’histoire de chaque personnage prise indépendamment peut d’abord paraître assez classique. Mais la subtilité du roman (et la trouvaille de David Mitchell), c’est sa construction. Chaque histoire se retrouve imbriquée dans la suivante pour vous faire avancer dans le temps jusqu’à un futur où tout semble se déconstruire. Puis, dans la deuxième partie, la chronologie s’inverse, vous faisant revenir peu à peu dans le passé, reprenant chaque personnage pour découvrir la fin de leur aventure et vous amener vers le dénouement de l’histoire tout simplement ... pfff...waouh... supercalifragilisticexpialidocious!


  Entretemps, Cartographie des nuages vous aura envoûté car David Mitchell manie le MacGuffin avec brio. Vous voilà intrigué par un élément de l’histoire, intrigué jusqu’à l’obsession.


  La deuxième force de Cartographie des nuages, ce sont ses personnages. Tous crédibles, tous parfaitement humains et tellement proches de nous malgré les époques différentes. Tous liés par un fil invisible, celui auquel vous serez suspendu du début à la fin. Six personnages, six épopées liées à travers le temps et c’est le destin de l’humanité qui s’écrit sous vos yeux. Chacun aura un combat à mener. Chacun à sa manière devra lutter contre une certaine forme de tyrannie. 


  La troisième force de Cartographie des nuages, c’est son écriture. David Mitchell manie également l’art du récit puisqu’à chaque personnage correspond un type de narration. Journal de voyage, épistolaire, entretien ou confession, l’écriture est d’une fluidité absolue jusqu’à la partie centrale où les mots se contractent, se déconstruisent pour correspondre à ce futur en déliquescence. De manière parfaitement calculée, David Mitchell  force ainsi à ralentir le rythme de lecture pour s’adapter.


  Il me paraît difficile d’en dire plus, non pas parce qu’il s’agirait d’un roman à suspens (Cartographie des nuages n’est pas du tout un roman à suspens), mais parce qu’il possède différents degrés de lecture et qu’il appartient au lecteur de les découvrir selon sa propre personnalité. Chacun lèvera le voile de manière différente.


  On pourrait se demander à quel genre littéraire appartient Cartographie des nuages. Là aussi, c’est très simple. Tout (ou à peu près tout, à peu de chose près!) est dans Cartographie des nuages : récit de voyage, littérature romantique, policier, science-fiction, humour, aventure...Pour faire court, s’il y a quelque chose que vous aimeriez lire, ne cherchez plus, c’est dans Cartographie des nuages!


  Ce livre est fait pour tous mais surtout, ce livre est fait pour vous.


CITRIQ

26 août 2012

Si le moine faisait ses habits, les vaches seraient mieux gardées à midi devant leur porte . . . ou un truc comme ça.








  En apparence, Nick et Amy forment un petit couple bien sympa, bien comme il faut et un peu comme tout le monde, avec ses hauts et ses bas. Mais lorsque Nick rentre chez lui pour trouver le salon complètement retourné et sa femme disparue, force est de constater que quelque chose ne va pas.


  Alors que la police commence à enquêter, Nick nous raconte sa version de l’histoire au jour le jour tandis qu’en parallèle, on suit le récit de leur vie à travers le journal intime d’Amy pour découvrir l’envers du décor du parfait petit couple...
... du moins, en apparence.


  L’éditeur nous prévient tout de suite en quatrième de couverture. «Il serait criminel d’en dévoiler davantage» et, je suis bien d’accord. Alors que dire pour vous donner envie de vous précipiter sur cet excellent polar en dehors de «c’est génial, lisez-le»?


  Et bien d’abord, sachez que... c’est génial, lisez-le!!!!


  Ensuite, Les apparences est un livre qui se dévore et qui repose sur la surprise. Ecrit comme une spirale, plus vous avancez, moins vous voyez venir la chute. Avec un effet crescendo d’étonnement, vous apprendrez à connaître ces personnages qui se dévoileront au fur et à mesure de l’histoire. Reposant sur un thème pourtant déjà utilisé de nombreuses fois (Jusqu’où sommes-nous sûr de connaître la personne qui partage notre vie?), l’intrigue est construite de main de maître par Gillian Flynn qui parvient à renouveler le genre en vous surprenant à chaque changement de narrateur. Chaque fois que vous penserez avoir compris, la page suivante vous détrompera. 


  Dès les premières lignes, Gillian Flynn pose La question. Celle qui inévitablement passe dans la tête de tout amoureux. "A quoi penses-tu?" Qui ne s’est pas poser cette question au sujet de son conjoint? Qui ne voudrait pas savoir ce qui se passe dans la tête de la personne qu’on aime, qui partage notre vie? 


  Mais Gillian Flynn s’immisce également dans la relation du lecteur au personnage. Si vous cherchez un héros, passez votre chemin. Il n’y en a pas, du moins pas au sens héroïque du terme. Il n’y a que des personnages. Avec une écriture parfaite de précision, elle frappe là où ça fait mal, les construit comme elle a construit son intrigue, avec minutie et sans nous laisser aucune chance de croire qu’on les a décryptés. 



  Une fois plongé dans Les apparences, vous ne contrôlerez plus rien. Oubliez même l’idée d’aller dormir car vous n’aurez plus envie d’autre chose que de savoir la fin.



 Enfin, dernier argument : c’est génial, lisez-le!!!!


  Une chose est sûre : c’est l'image de la vie de couple qui va en prendre un coup!


  Alors pour conclure, je vous conseillerai d’offrir ce livre :
à tous ceux qui ont une vision idyllique de la vie de couple
à ceux qui vont bientôt se marier
à ceux qui sont déjà mariés
aux célibataires et heureux de l’être
aux célibataires qui se morfondent en se demandant mais qu’est-ce qui m’échappe?
aux hommes qui confondent leur femme avec leur mère
aux femmes qui pensent que le plus gros travail est de se faire passer la bague au doigt et qu’après c’est les vacances!
aux femmes qui pensent qu’un bon mari est un mari obéissant
à toutes les hommes qui pensent que la femme est une petite créature sans défense
à toutes les femmes qui pensent qu’elles ne sont rien sans un mari
à toutes les femmes qui pensent que leur mari n’est rien sans elle
à tous les autres
et surtout, à tous ceux qui se foutent royalement du mariage ou de la vie de couple et qui aiment se faire trimballer par un bon roman qui mérite amplement sa pastille triple J : Jubilatoire, Juste Jénialissime! Et ça, ce n’est pas qu’en apparence!


  Et avec ça vous prendrez bien une petite bande annonce :




Bande-annonce "Les Apparences" de Gillian Flynn par sonatine-editions



CITRIQ