Seulement dans des livres, comme vous dites. Seulement! Les livres ne peuvent jamais être seulement ; ils peuvent seulement être toujours.
Jeff Noon

29 mai 2012

Au 7e jour, Il donna son stylo à Catherine, et Il vit que cela était bon.


 Il était une fois une belle contrée verdoyante mais dont le parcours historique était truffé de pièges. On ne pouvait pas y faire un pas sans tomber sur des rois (qui pour une raison obscure s’appelaient tous Louis, Charles ou François), des reines (qui pour des raisons absolument pas obscures étaient uniquement considérées comme des utérus sur pattes), des vases qui se cassent pour un rien, des guerres en veux-tu en voilà, des maladies aussi horribles et gerbantes que diverses et variées, des arbres généalogiques aussi emmêlés qu’un brushing après un voyage en décapotable, des vierges guerrières entendant des voix, des papes aimant jouer à touche pipi, des religions (aussi horribles et gerbantes que diverses et variées?!), des conspirations et décapitations, empoisonnements  et étouffements, chutes en tous genres et des dates, encore des dates, un monceau de dates soit-disant importantes et pourtant immémorables.

 Bref, une contrée dont l’histoire n’était rien d’autre qu’un joyeux bordel.

 Un jour, dans cette belle contrée, fut créée l’école (concept doublement intéressant puisqu’il permit et permet encore d’instruire les enfants tout en donnant aux géniteurs l’occasion de se débarrasser légalement de leur marmaille pour plusieurs heures). Alors, on demanda aux enfants d’apprendre par coeur ces fameuses dates et tout ce joyeux bordel. Mais rien n’y fit. A quelques exceptions près, aussitôt appris, ce capharnaüm historique était aussitôt mélangé, raccourci voire complètement oublié. De nombreuses générations d’enfants souffrirent ainsi.

 Mais heureusement, en l’an de grâce 2012, parce que la fée Multifonction (beaucoup moins connu que sa soeur Clochette, tout ça à cause d’une vague histoire de tour de poitrine! Ridicule!) s’était penchée sur son berceau pour lui donner tous ses supers pouvoirs, Catherine Dufour (qui d’ailleurs, vous l’aurez remarqué, porte elle aussi le prénom d’une reine... ou d’une sainte...ou d’une actrice) publia l’ouvrage que le monde attendait : L’Histoire de France pour ceux qui n’aiment pas ça.



 Et c’est ainsi que Catherine permit au peuple d’appréhender ce fatras historique sans souffrance aucune. Au contraire, pour la modique somme de 9,50 euros, Catherine offrit joie et enseignement pour tous en rappelant tous ces petits détails qui rendent l’Histoire si vivante et en replaçant certaines vérités. Non, les princes et les rois n’étaient pas des playboy et en plus ils étaient obligés de faire caca devant tout le monde. 

 Que vous l’aimiez ou non, l’Histoire, ce qui est sûr c’est que vous finirez par aimer Catherine. Et comme Catherine ne fait rien à moitié, il est recommandé de consulter son site  où vous trouverez encore et toujours joie et enseignement avec des tableaux et des photos venant illustrer votre lecture de L’Histoire de France pour ceux qui n’aiment pas ça.

 La morale de cette histoire? Catherine Dufour est une déesse, devenons ses prophètes.

P.S : Catherine sait toujours aussi bien répondre aux interviews, c’est ici.

P.S.2 :  Vous ne connaissez pas encore Catherine ni Les Voltés Anonymes et vous vous demandez pourquoi nous sommes autant en joie dès l’apparition devant nos yeux ébahis du moindre mot écrit, prononcé, pensé (?!!) par la madame, alors petite piqure de rappel ici, ici, ici et aussi ici.



CITRIQ

22 mai 2012

Aucun sous venir . . . pas grave, quand même acheter Damasio!


 Pour ceux qui seraient passés à côté, trop préoccupés qu’ils auraient pu être par l’actualité politique mondiale (autrement dit savoir comment les américains vont appeler notre nouvelle première dame de France et surtout savoir si elle va passer aux grands couturiers), vendredi 18 mai s’est produit un évènement majeur dans la vie des voltés et du reste de la France, que dis-je! de la planète entière! que dis-je de l’univers entier! (bon d’accord pour l’univers j’attendrai que E.T réponde à mes appels. Ce garçon a définitivement un problème avec le téléphone).

 Donc, un évènement d’une importance majeure, capitale, primordiale, fondamentale... essentielle? Décisive? Euh, je sèche côté synonyme... Bref, comme disait Pépin, cet évènement c’est la sortie du nouveau livre de Alain Damasio. Rien que ça.


 Aucun souvenir assez solide est un recueil des nouvelles de notre Alain, parues éparpillées un peu partout. Et aucun doute à avoir, c’est bien du Damasio pur jus, 100% AOC. On y retrouve son empreinte, cette marque reconnaissable entre toutes, cette capacité à jouer avec les mots, leur structure, leur sonorité et leur poésie. Si beaucoup de petits garçons s’amusaient à démonter leur camion de pompiers pour voir ce qu’il y avait dedans, Alain faisait pareil avec les mots.

 On y retrouve également les thèmes chers à l’auteur :  la lutte contre l’oppression (ses personnages sont toujours en révolte, ont toujours un combat à mener que ce soit contre l’oppresseur ou contre soit-même), la communauté, le rapport de l’humain aux éléments qu'ils soient naturels ou urbains. 

 Et puis, il y a la nouvelle inédite Une stupéfiante salve d’escarbilles de houille écarlate. Pour la décrire, un seul mot suffit : Alticcio. 
(Vous pouvez également prononcer très rapidement le titre de cette nouvelle devant votre patron. Ça vous donnera une excuse pour ne pas vous excuser pour lui cracher dessus!) 

 Mon coup de coeur va cependant à deux autres nouvelles. La première, El Levir, est un hommage sublime au livre mais surtout au conteur, cet être indispensable capable de satisfaire notre indéfectible besoin d’imaginaire. 

 La seconde est l’autre nouvelle inédite Les Hybres, pour la raison simple qu’elle est différente. Donc surprenante. Hommage au travail du sculpteur Jean Fontaine (j’avoue mon inculture je ne le connaissais pas!), cette nouvelle est clairement ancrée dans le fantastique et son style est également beaucoup plus épuré que ce que l’on connaît habituellement de Damasio. Pour dormir moins bête, le travail stupéfiant de Fontaine est à découvrir ici.

 Aucun souvenir assez solide est donc encore une réussite. Si vous n’avez jamais lu Damasio, on ne dira jamais assez combien les recueils de nouvelles sont intéressants pour découvrir un auteur surtout quand l’auteur en question s’est révélé plutôt doué pour l’exercice.

 Si vous êtes déjà sous le charme du monsieur, aucune hésitation non plus. Tout est là, ce que vous pouviez espérer d’un Damasio et même un peu plus.

 Oui je sais, je suis de parti pris mais j’assume alors n’oubliez pas : achetez La Volte, La Volte vous le rendra.

P.S. : et n’oubliez pas non plus que Alain Damasio sera de passage à Grenoble le 30 juin et le 1er juillet.


P.S.2 : interview de Alain Damasio par Jérôme Vincent sur actusf.

CITRIQ

4 mai 2012

Et comme disait Marilyn . . .





 Les voltés anonymes ont un an. Joyeux anniversaire à nous! Et pour fêter ça, quoi de mieux que de vous parler d’un auteur de La Volte! Et pas n’importe lequel mais celui par qui tout est arrivé, l’homme du petit battement d’aile qui provoqua le raz de marée qui déborda du vase de notre enthousiasme pour les éditions La Volte.

 Et cet homme, ce n’est pas Alain Damasio comme vous pourriez vous l’imaginer mais Stéphane Beauverger.

 En effet, le premier contact avec La Volte s’est fait par Chromozone. Et il se trouve que par un heureux hasard, peu de temps après que je l’eu achevé, Monsieur E. se promenait dans Grenoble. Non, Monsieur E. ne se promenait pas après que je l’eu achevé! C’est le livre que j’avais achevé! C’est pourtant clair ce que je raconte ,non?! Mais faisons la version courte et laissons le reste à la petite histoire. 

 Une rencontre, une discussion autour de Chromozone et pour finir, une petite phrase «et avez-vous lu La Horde du Contrevent?». Bref, si Alain Damasio est bien responsable de mon addiction, c’est Stéphane Beauverger le responsable de ma découverte.

 Oui, alors je vous vois venir. Peut-être allez-vous me dire que tôt ou tard j’aurai fini par découvrir La Horde du Contrevent et donc La Volte, mais je préfère tôt que tard car comme disait mémé : «qui se lève tôt triomphe sans gloire» euh non, c’est pas ça... «il y a un temps pour tout, se lever tôt ou longtemps se coucher de bonheur», enfin bref c’était un truc comme ça.

 Mais revenons à Stéphane Beauverger, doublement précieux, pour avoir donc été mon premier ... contact mais également pour avoir écrit l’un de mes romans préférés, Le Déchronologue.

 Chaque chose en son temps, tout vient à point à qui sait attendre, commençons par le commencement, Chromozone, et sa suite les Noctivores, et fin la Cité Nymphale.


                                           

 Cette trilogie dépeint un futur dominé par un communautarisme poussé à l’extrême où internet a disparu au profit de la phérommunication. Oui, oui, la communication par les phéromones. Fallait y penser, Stéphane Beauverger s’en est chargé. 

 Si la trilogie Chromozone reste bourrée d’idées et met déjà en évidence une plume intéressante, à ce jour, la plus belle réussite de Stéphane Beauverger est sans aucun doute Le Déchronologue, couronné de cinq prix : Grand Prix de l’Imaginaire 2010, le Prix européen Utopiales 2009, le Nouveau Grand Prix de la Science-Fiction française 2010, le prix Bob Morane 2010 et enfin, l’incontournable prix d’achat 18 euros (c’est vrai que dans le lot c’est le prix le moins connu!).


 Le Déchronologue est un texte exigeant et néanmoins divertissant qui nous fait suivre les aventures du pirate Villon, capitaine fort en gueule, comme il se doit, d’un navire baptisé le Déchronologue dont les canons tirent du temps. Pris dans une époque bouleversée par des failles temporelles engendrant des passages d’objet mais aussi de personnes d’autres époques, il devra se sortir de diverses intrigues qu’il croyait pourtant maîtriser.

 De forme déroutante de prime abord, Le Déchronologue a l’ingéniosité de pouvoir se lire de deux manières. La première dans la forme proposée : avec une chronologie passée au shaker qui se resserre petit à petit jusqu’au point final. La seconde : en reconstituant le bon déroulement du temps.

 Outre cette chronologie dévastée mais dirigée de main de maître, Le Déchronologue bénéficie d’une ambiance parfaitement réaliste de piraterie où la gouaille des pirates associée à leur capacité à ingurgiter toute sorte de liquide alcoolisé n’ont de rivale que leur volonté à se foutre sur la tronche.

 Le Déchronologue fait preuve d’une maîtrise qui n’était encore qu’à l’état d'ébauche dans la trilogie Chromozone et témoigne de la progression évidente du talent de Stéphane Beauverger qui s’est depuis rendu coupable de plusieurs autres incartades littéraires. Il s’est adonné avec bonheur à la nouvelle qu’elle soit coquine (oui c’est mignon!) dans le recueil 69 des éditions Actu SF, au seuil de la folie dans Le Jardin Schizologique (éditions La Volte)  ou engagées comme dans Ceux qui nous veulent du bien (éditions La Volte) et dans Appel d’Air (éditions Actu SF).

 Comme déjà mentionné dans un précédent article, mais ça mérite la répétition, cette dernière nouvelle a fait l’objet d’une adaptation en court métrage que je vous invite vivement à découvrir si ce n’est pas déjà fait sur le site droite comme la justice. Une projection sera d’ailleurs organisée lors du Festival de l’Imaginaire Grenoblois.


 Bref (mais intense!), re-souhaitons-nous un bon anniversaire avec mes deux comparses, Kiki43 et Coriolis44, dont la discrétion n’a quant à elle d’égale que la force de leur caractère pour me supporter!