Seulement dans des livres, comme vous dites. Seulement! Les livres ne peuvent jamais être seulement ; ils peuvent seulement être toujours.
Jeff Noon

3 déc. 2012

Superfraci. . . supercagila. . . fait chier Mary Poppins!


  Si comme moi vous avez mis un peu de temps à apprivoiser le supercalifragilisticexpialidocious pour ensuite en devenir accro, alors le livre qui suit est fait pour vous.


  Si vous n’aimez pas les mots qui vous laissent une fâcheuse sensation de vous être fait une rupture d’anévrisme, alors ce livre est fait pour vous.


  Si vous êtes très con et ne comprenez rien à rien... alors je ne peux plus rien pour vous et vous suggère d’adhérer au comité de soutien des cons qui ne veulent plus s’ignorer.


  Pour le reste du monde entier, il vous faut cet ouvrage : Le Von Mopp illustré.




  Laurent Rivelaygue avait déjà la plume coupable, si je puis dire, de ceci :




  Poisson-chien, roman complètement frappadingue aux éditions La Volte et qui mériterait que je vous en reparle plus longuement une autre fois, mais que vous pouvez déjà aller chercher la bave aux lèvres et le regard halluciné, en tapant dans vos mains et en sautillant sur place, chez votre libraire préféré, si vous êtes de ces lecteurs curieux aimant les histoires déjantées, si vous avez le goût du risque (en plus de l’amour du...). Sachez seulement que c’est un roman drôle comme un rêve débile, troublant comme un rêve érotique, bizarre comme un rêve...euh... bizarre (vite dictionnaire des synonymes pour Noël!), bref, lire Poisson-chien c’est comme lire un rêve. (Et oui, Kiki43, je te vois faire ton petit sifflement inimitable à la lecture de cette phrase! Désolée, digression personnelle).


  Mais Laurent Rivelaygue a également le crayon coupable de plein de choses, dont des couvertures de livre comme celle-ci par exemple :



et de plein d’autres choses si vous saviez! et vous saurez en allant sur son blog sobrement intitulé Laurent Rivelaygue, graphisme etc... où vous vous rendrez compte de l’étendu de son talent.


  Bref (comme disait Pépin), Le Von Mopp illustré, dictionnaire subjectif des mots difficiles et imprononçables de la langue française! Il est beau, il est drôle et il est intelligent et contrairement à l’homme parfait (ou à la femme parfaite, ne soyons pas sectaire), lui, il existe! Pour la modique somme de 18 euros (c’est cadeau!) offrez-vous ou faîtes-vous offrir ce superbe objet avec plein de mots rigolos! Ok soyons honnêtes, ce ne sont pas les mots qui sont rigolos mais plutôt leur définition. Ainsi, sans trop vous gâcher le suspens, parmi mes préférés :


Ignifugation : l’ignifugation est un traitement pour rendre incombustible un matériau naturellement inflammable. Cela permet, en cas d’incendie dans une habitation familiale bien équipée, de retarder la propagation du feu, et de sauver le chien, voire la belle-mère. Pégase Von Mopp, inventeur, se spécialisa dans la lutte contre le feu, et déposa plusieurs brevets dont celui de l’eau ignifugée. Il proposa également aux Tibétains d’ignifuger leurs bonzes, mais se heurta au tout-puissant syndicat des journalistes, et abandonna l’idée. Il faut avouer qu’un bonze en flammes, ça fait quand même de jolies photos, et ce serait dommage de devoir s’en passer. 

Laïusseur : un laïusseur est une personne qui aime faire des discours, un bavard, un baratineur. En général, il fatigue assez rapidement son entourage, et, ses interlocuteurs, saoulés de mots, se bouchent les oreilles et réfléchissent à un prétexte imbécile pour fuir, comme «il faut que j’aille ranger les escargots» ou « je ne peux pas rester, j’ai rendez-vous avec un communiste». Immanquablement, le laïusseur se lance alors dans une tirade longue comme une journée finlandaise sur les escargots communistes, parce qu’il a un avis sur tout, et c’est franchement le moment de prendre ses jambes à son cou.


  Certains de mes amis dont Kiki43, ma Valsuperpatrice et Lostinthekitchen, reconnaîtront certainement à travers cette définition une personne de notre connaissance. Et bien voilà un très beau mot pour la définir.


  Car avec Le Von Mopp illustré, on dormira moins cons et nous voilà avec 106 possibilités de se rendre intéressant en toutes circonstances, telles qu’une demande d’augmentation  :

«-Une augmentation? Ahahaha! Je vais étudier la question c’est promis.
-Je pense monsieur/madame (rayez la mention inutile) que vous êtes un notonecte xanthognathe incapable de se rendre compte de mon talent. Je vous ferai bien tâter de ma nahaïka si je n’étais pas sûr(e) que vous y preniez plaisir.»

ou encore, un rendez-vous amoureux :
«Votre profil stéatopyge n’est pas pour me déplaire. Allons vider un jéroboam et je vous parlerai de ma passion pour la cuniculiculture.»


  Et ce n’est pas tout! En plus de ces édifiantes définitions, d’édifiantes illustrations vont avec.

           














  
  
  Pour avoir une autre idée du contenu du livre, vous pouvez aller ici.


  Tout est habilement conçu pour qu’à la lecture de cet ouvrage, votre cerveau s’illumine tel une guirlande de Noël épileptique. Avec Le Von Mopp illustré, vous pouvez aussi vous entraîner devant votre miroir un peu comme les sims quand vous voulez leur donner un point de charisme, car chaque définition possède également son petit exercice de diction tel que : «Scyphoméduse échevelée essayant sans succès d’accélérer.» ou encore «Laïusseur sans scrupule bâillonné et saucissonné sous un sassafras.» Mais attention, n’allez pas vous faire mal.


  Pour ceux qui ne l’auraient pas encore compris, Le Von Mopp illustré, est un excellent moyen de s’instruire en s’amusant le tout pour une somme modique! 


  Un peu comme L’Histoire de France pour ceux qui n’aiment pas ça, de Catherine Dufour. Ainsi, vous pouvez demander le pack au père Noël. Comment?! Vous vous demandez mais qu’est-ce donc que L’Histoire de France pour ceux qui n’aiment pas ça? Parce que vous avez atterri sur ce blog par hasard et ne connaissez pas encore notre obsession obsessionnelle? Alors allez voir ici, ou plus simplement .

  Vous avez remarqué avec quelle subtilité j’ai réussi à glisser Catherine (en tout bien tout honneur s’entend) dans ce petit billet?


  En conclusion, et pour imiter Kiki43 lorsqu’il conseille un livre : «ce livre est génial, achetez-le».




CITRIQ

8 nov. 2012

Desperate Worker





  Dans une société où des chiens clonés se promènent librement dans les rues, où des attentats refont régulièrement le paysage et donnent justification à une surveillance perpétuelle par des hélicoptères, un employé travaille.

 Dans son immeuble de bureau, il est l’Employé par excellence. Toujours à l’heure, toujours fiable. 

 Jusqu’à ce qu’un soir, il croise la secrétaire. Ils se parlent, se raccompagnent, se tiennent sexuellement compagnie toute la nuit, et là, évidemment, c’est le début des emmerdes.

 Ça va pas arranger la réputation des secrétaires tout ça!


  Encore un roman étrange dont il est difficile de sortir sans qu’une petite partie de nous y soit encore et dont il est difficile de parler sans trop en dire! Il faut croire que je suis abonnée à ce genre là ces derniers temps. 


  Roman étrange car dès les premiers mots l’ambiance se pose. L’employé, un homme ordinaire, est prisonnier des microstructures composant la société : travail, famille (patrie?!), et passe de l’une à l’autre comme d’une cellule à une autre. Son travail, il fait tout pour ne pas le perdre car les vagues de licenciements arrivent de manières régulières mais pourtant complètement aléatoires. L’ambiance de suspicion qui règne fait qu’il ne se lie à personne et se méfie de tout le monde et en particulier de son voisin de bureau. Quant à sa vie de famille, elle est plus qu’horrible, coincé entre une femme aigrie qui occasionnellement le bat et des enfants pour lesquels il n’éprouve tout au plus que de la pitié.


  Mais l’employé est trop lâche (pense-t-il) pour en sortir, même si les rêves d’évasion sont bien présents. Et puis, la rencontre se produit, la petite goutte d’eau qui va faire exploser le vase. Toutefois, l’amour ne va pas lui donner le courage nécessaire car, d’ailleurs, s’agit-il réellement d’amour ou de l’image qu’il a de l’amour? La rencontre ne sera que le déclencheur, la porte ouverte à toutes ses ambitions mais surtout à ses frustrations, ses obsessions développant sa paranoïa.


  L’écriture de Saccomanno est brute de décoffrage avec des phrases courtes et très peu de dialogues. La description des lieux est quasi inexistante, réduite au strict minimum. Le roman est d’ailleurs très court ce qui lui donne cette force de percussion. Tout est complètement dépersonnalisé, les personnages n’ont pas de nom et sont réduits, eux, à une fonction : l’employé, la secrétaire, le chef, la pompiste, le collègue, la femme, les enfants. 


  Tout dans ce roman contribue à donner une image sèche de cette société où tout est interchangeable surtout l’être humain. Les sentiments sont expurgés et réduits aux plus simples besoins si bien que lorsqu’un personnage témoigne d’autres envies, d’autres ambitions, c’est comme un point de lumière, une éclaircie dans cette ville où on a l’impression qu’il fait toujours nuit. 


  L’employé est donc définitivement un roman bizarre qu’on aime ou alors dont on ne comprend rien et encore une fois, il est la preuve qu’on peut écrire une histoire reposant sur un personnage qu’on n’arrive pas à aimer. Personnellement, j’ai adoré même s’il est d’un pessimisme débordant. Ou peut-être est-ce à cause de ce pessimisme que j’ai adoré!


  Vous l’aurez compris, à ne pas offrir à un dépressif, sauf si vous le détestez. 


  Donc si comme moi vous êtes convaincu de la nature complètement abrutie de l’humanité et si vous aimez les ambiances kafkaïennes, les romans étranges et jusqu’au boutistes, vous savez ce qu’il vous reste à faire. 


CITRIQ

23 oct. 2012

Enig'matique Marcheur, fantas'matique roman.


  
 Dans la vie d’un lecteur, il y a les romans anecdotiques et les bons romans.

 Il y a les bons romans et les chefs-d’oeuvre.

 Et il y a les chefs-d’oeuvre et les romans qui vous marquent à jamais.




  Cette histoire se passe longtemps après une guerre atomique, le Grand Boum, alors que l’humanité a régressé pour revenir à l’âge de fer, vivant en clans et ayant pour tout gouvernement une troupe itinérante usant de marionnettes pour transmettre l’Histoire au travers de contes et de légendes.


  Cette histoire est celle d’Enig, 12 ans, qui se retrouve soudainement sur les routes, entraîné par une meute de chiens sauvages sur les traces du savoir d’antan.


  Voici son récit, raconté dans la langue de ce futur : le parlénigm.



  Amis de la fin du monde, RE-bonjour! Et oui, que voulez-vous, la thématique est de saison!


  Alors comme ça, a priori, on pourrait croire «encore une histoire de monde post apocalyptique» et quelque part, soyons honnêtes, oui. Un jeune garçon lancé sur les routes d’un monde détruit, à la recherche de secrets pouvant remettre l’humanité sur les rails de la modernité, se voit embringué dans des intrigues qui le dépassent. Il y a même quelque chose du roman initiatique avec le passage à l’âge adulte du jeune garçon qui apprend à devenir un homme, à faire des choix et à vivre avec les conséquences. Touchant, Enig porte à lui seul toute l’histoire du roman et sa puissance d’évocation est telle que l’ambiance pluvieuse de cette Angleterre dévastée vous colle à la peau.


  Si ce n’était que cela, ce ne serait qu’un bon roman parmi tant d’autres. Mais, Enig Marcheur est bien plus qu’un bon roman. Il a cela de différent : il fait certainement partie du petit nombre de romans incontournables. Pourquoi? me direz-vous. Qu’est-ce qui transforme une histoire toute simple en pur chef-d’oeuvre? Et bien ceci :


  Ce livre est un concept à lui tout seul, une expérience littéraire comme il y en a trop peu. Lire Enig Marcheur relève de l’aventure, du défi, de la claque littéraire, de l’essorage de neurones, du trouble intellectuel, appelez cela comme vous voulez. Ce qui différencie Enig Marcheur du reste, c’est son langage, le parlénigm.


  Lorsque vous ouvrirez ce livre, vous aurez l’impression de ne rien comprendre. Toutefois, pas la peine de tomber sur votre libraire en hurlant au livre défectueux! (je dis ça parce que ça m’est déjà arrivé avec un autre livre et la dame n’a jamais voulu comprendre qu’il s’agissait d’un effet de style!).


  Les langues ne sont pas figées dans le temps, elles évoluent, absorbent de nouvelles expressions et en délaissent d’autres. Russell Hoban a exploité cette idée et a créé la langue de ce futur ravagé et régressif. Le sens des mots s’est déplacé, leur sonorité et leur structure se sont déconstruites puis reconstruites pour donner des phrases contenant plusieurs niveaux de compréhension suivant si vous lisez à haute voix ou non. A l’image des secrets cachés dans les légendes contées de génération en génération du roman, les mots révèlent des sens différents et pourtant toujours en lien avec le sens global de la phrase et plus généralement du récit.


  Ainsi, un ami devient «un âme mi», la mémoire «l’amer moir», la sensation «l’ascensation».


  Il convient d’ailleurs de saluer comme il se doit le travail du traducteur. Titanesque et sans aucun doute prise de tête, il atteint un tel niveau qu’on ne peut que le qualifier d’excellent.


  Enig Marcheur finit presque par se décrypter tel un palimpseste. On finit par n’avoir qu’une envie, le relire pour découvrir ce qui se cache derrière, ce qui nous a échappé la première fois. Car ne vous attendez pas à tout comprendre du premier coup. Les 30 premières pages seront déstabilisantes mais ensuite, se mettra en place un rythme de lecture. Et c’est ce qui rend ce texte addictif. Une fois passé le premier choc, on n'arrive plus à décrocher.


 Brillant, étonnant, prodigieux et époustouflant, Enig Marcheur demande pourtant à son lecteur un effort. Lorsque vous commencerez, vous aurez l’impression d’être brutalement plongé dans une culture étrangère mais que pourtant vous semblez connaître. Un peu comme un français lâché au Québec. Vous avez bien l’impression de parler la même langue mais allez savoir pourquoi, vous ne comprenez pas tout ce qu’on vous raconte! Enig Marcheur relève un peu du même challenge.


  Et quel challenge! Car non seulement Enig Marcheur mérite sa pastille triple J, Jubilatoire Juste Jénialissime, mais il imposera également un nouveau point fixe dans votre chronologie personnelle. Il y aura un avant et un après Enig Marcheur.


  Si vous avez aimé La Horde du Contrevent et La Maison des Feuilles, et si de manière générale vous aimez être surpris par vos lectures, alors vous adorerez Enig Marcheur.


  Il fait partie des chefs-d’oeuvre marquant de la littérature, de cette catégorie de romans qui nous font dire pendant un long moment après les avoir finis «je ne suis pas sûr de réussir à lire autre chose», et il transcende les genres. Pas besoin d’être lecteur de ci ou lecteur de ça, il suffit d’être un lecteur curieux. On ne remerciera jamais assez les éditions Monsieur Toussaint Louverture pour nous offrir enfin en français cette future icône littéraire.


«Ce cas été laisse des trass pour ce qui sera. Les mots dans l’ésert laiss des imprim dans le sol pour quon y mette nos pieds. Peu dêtre que dans 100 ans les môm chante rond une comptine avec Enig Marcheur...»


CITRIQ

15 oct. 2012

Matin, midi, soir . . . et le reste du temps 3


  Et tout ça à cause de Mélanie Fazi et Nébal. Je devrais arrêter d'écouter des gens intéressants!






  Et sinon, allez savoir pourquoi, il dit qu'il voit pas le rapport, mais en écoutant cet album, une série télé m'est soudainement revenue en tête :





  Sans doute l'ambiance lynchienne dont parlait Mélanie Fazi. 

  Et voilà! Maintenant, vous êtes obligés d'aller sur le site de Liesa Van der Aa pour écouter/voir/se prendre une claque. Et aussi sur le site du Cargo pour plein d'autres choses dont des photos et des sessions acoustiques. Et après, vous serez obligés d'aller acheter l'album. Fuck la taxe d'habitation!

14 oct. 2012

A force de jouer avec les miroirs, va t’arriver des bricoles Alice!




  Descendre en marche est le récit d’un voyage. Celui de Marlène et de ses compagnons, sillonnant les routes d’Angleterre à la recherche des éclats d’un miroir brisé, miroir peut-être magique. Car l’humanité est frappée par une mystérieuse maladie, la rendant petit à petit incapable de décrypter les informations qui l’entourent. Des panneaux indicateurs, en passant par les livres et la musique jusqu’aux reflets dans une glace, tout devient incompréhensible ou monstrueux, tout devient bruits et parasites. 
Le miroir aurait-il le pouvoir de sauver l’humanité?

«Si vous lisez cette phrase, c’est que vous êtes en vie.»


  Amis de la fin du monde, bonjour!! Et oui, il fallait bien que Jeff Noon amène sa petite pierre à l’édifice et quelle pierre! Car Jeff Noon ne fait rien comme tout le monde. Bon, il aurait pu faire un truc du genre «oh la la, y a une grave maladie qui rectifie l’humanité (encore la faute des français tout ça avec leurs essais nucléaires à la con), vite allons chercher les américains pour nous sauver et enfin vivre dans un monde en paix où tout le monde s’aime»... mais non. Noon est au dessus de ça, Noon est britannique et rappelons juste comme ça que les britanniques sont responsables entre autres choses d’un seigneur passionné de joaillerie et d’un docteur passionné par les problèmes temporels. Bon, ils sont aussi responsables du cricket et du fish and chips mais bon, là n’est pas le propos, on s’écarte du sujet!


  Alors, Jeff Noon est d’abord allé nous chercher cette idée de maladie empêchant de décrypter les informations, concept difficile à se représenter au début mais dont les conséquences nous sont rapidement expliquées. La maladie agissant autant sur notre faculté de comprendre ce qui nous entoure que sur les relations humaines, elle se conclue inévitablement par un repli sur soi dans la folie mais surtout dans une solitude complète.


  Ensuite, même si on flotte dans une ambiance fin du monde, on échappe pour une fois aux descriptions de guerre ou autres scènes apocalyptiques. Si la maladie décime l’humanité, elle le fait à un rythme suffisamment lent (grâce à une drogue nommée Lucidité qui en retarde les effets) et la civilisation ne se trouve pas encore réduite à rien. Sur la route du personnage, on trouve toujours des scènes de vie sociale quasi normales comme la scène sur le front de mer avec les manèges et autres attractions, et finalement c’est ce qui façonne vraiment l’ambiance mélancolique du livre. Marlène vit ces évènements en sachant que c’est à chaque fois la dernière. Car la maladie progresse, elle le sent et perd peu à peu sa volonté de lutter contre. Et c’est ça la force de Descendre en marche (et peut-être aussi sa faiblesse car ceux qui n’aiment pas les romans à ambiance ne s’y retrouveront pas), cette mélancolie, cette sensation d’abandon et de résignation.


  Non pas que Descendre en marche soit complètement désespérant (toutefois, dépressifs s’abstenir!) mais plutôt chargé d’une certaine tristesse qui vous accompagne une fois le livre terminé.


  La scène qui m’a le plus touchée est celle dans le musée des Choses Fragiles et en particulier la bibliothèque où les livres s’effacent à mesure qu’ils sont lus. Les mots s’impriment dans la mémoire du lecteur et disparaissent du papier. L’idée que certaines oeuvres puissent disparaître à jamais est assez effrayante mais celle que ce serait la mémoire individuelle et non collective qui puisse les faire survivre, assez poétique. 


  On se détache assez vite de l'envie de connaître les origines de la maladie. Plus on avance dans le roman , plus on se rend compte que ce n’est pas tant la solution au problème qui nous intéresse (car s’il y en a une, on ne le saura pas) que comment le personnage vit cette situation. On ne cherchera pas à savoir si l’humanité guérira. Peu importe. 


  En fait, ce qui devient tout de suite fascinant, c’est le parcours de Marlène tant physique que émotionnel. Le parcours d’une mère qui a perdu son enfant et qui a trouvé un nouvel objectif lui donnant une raison de lutter contre la maladie chaque jour. Mais que se passe-t-il quand cette raison s’essouffle?


  A la fois road novel et roman à ambiance, tout en lenteur et en émotions, (et attention, lenteur ne signifiant pas mollesse ni ennui), Descendre en marche fait partie de ces textes dans lesquels on s’installe avec un certain confort et à l’image de Dernière nuit à Montréal ou encore de Cartographie des nuages et Elliot du néant, un roman dont on a du mal à sortir complètement.


  Même si on retrouve quelques scènes hallucinatoires qui sont une des marques de fabrique de l’auteur britannique, Descendre en marche est beaucoup plus épuré que d’habitude chez Jeff Noon. Lui qui, justement, nous avait habitués à des histoires beaucoup plus déjantées, livre ici sans aucun doute son roman le plus abordable pour l’instant parmi ceux déjà traduits en français.


  Ce ne sera pas mon préféré de Noon mais c’est un roman de plus pour me confirmer à quel point j’adore cet auteur. Lisez Descendre en marche et vous trouverez une bonne raison de l’adorer avec moi.


  Et à qui on doit ça? Comme de coutume, n’oubliez jamais : achetez La Volte, La Volte vous le rendra.


P.S. : si vous voulez découvrir un peu plus du monde déjanté, poétique et incroyablement imaginatif de Jeff Noon, les éditions La Volte ont eu l’excellente idée de mettre un site à disposition de vos yeux ébahis. Et par la même occasion, ils en ont profité pour refaire intégralement le leur. Plein de choses à voir, à lire et à entendre et plein d’endroits où aller... Allez, avouez que vous êtes conquis!





CITRIQ

1 oct. 2012

Le jour de la marmotte . . .

 Il y a des jours où tout semble se coordonner à la perfection!

La vidéo :



Destiny from Bellecour 3D on Vimeo.

et pour ceux qui aiment être trop super bien habillés en toutes circonstances, le tee-shirt qui va avec :


de mon fournisseur officiel de tee-shirt, le génialissime T-shirt store!

Dieu gît dans le détail 2

Juste magnifique! Et à chacun son détail!!



Epoch from Anthony Scott Burns on Vimeo.

25 sept. 2012

Une de perdue, dix de . . . ouais mais une de perdue.


  C'est l'histoire de Lilia, enlevée à sept ans par son père, et de la longue cavale qui dura toute son adolescence. C'est l'histoire de Christopher, le détective engagé par la mère de Lilia pour la retrouver et de sa fille Michaela, qui rêvait d'être funambule avant de finir dans une boîte minable de Montréal. Michaela sait ce que Lilia a toujours ignoré : la raison de sa cavale. C'est enfin l'histoire d'Eli, étudiant passionné par les langues et la fragilité des sentiments qu'elles servent à exprimer, qui a hébergé Lilia à New York suffisamment longtemps pour tomber amoureux d'elle et partir à sa recherche lorsque, une fois de plus, elle s'enfuit. C'est dans une Montréal hypnotique que se dénouera cette "histoire de fenêtres brisées et de neige", une histoire en forme d'éclats de miroir brisé qui, une fois reconstitué, dessine une vision déchirante du monde.




  Pour une fois, je ne peux que m’incliner devant une quatrième de couv’ aussi bien faite (chose assez rare en ce moment pour le signaler... le fait que la quatrième soit bien faite, vous me suivez jusque là?!). D’ailleurs, elle est tellement bien faite que je pourrais m’arrêter là en finissant par un laconique «c’est un excellent roman». Mais alors vous pourriez vous imaginer que je deviens feignante!


  Toutefois, force m’est de reconnaître que Dernière nuit à Montréal fait partie de ces romans dont il est difficile de parler car il fait partie des romans dont l’ambiance vous enveloppe et vous perturbe sans trop savoir pourquoi, et qui laissent une trace évanescente, l’impression d’y être encore bien longtemps après avoir tourné la dernière page.


  Exactement hypnotique comme l’indique la quatrième de couv’, Dernière nuit à Montréal vous absorbe littéralement dès le premier chapitre.


  «Personne ne reste pour toujours.» Avec cette première phrase, Emily St John Mandel pose le ton de son roman. L’absence et le manque, c’est ce que Lilia, personnage central, laisse derrière elle. Jeune femme étrange collectionnant les mots et les listes, prenant en photos le monde car selon ses propres mots, elle ne fait que le parcourir sans parvenir à s’arrêter pour s’y ancrer. Elle ne sait plus faire autre chose que bouger et alors que tout le monde voit cette suite de voyages comme courageux, elle n’y voit qu’une nécessité. Elle croisera tout au long de sa route une galerie de personnages dont elle servira au final de révélateur à leurs destins contrariés.


  Emily St John Mandel joue ainsi avec les contrastes. Contraste de lieux, car on passe d’un Montréal hivernal aux déserts des Etats-Unis; contraste des personnalités avec le mouvement perpétuel de Lilia, contre l’immobilisme de Michaela, le père recherché pour avoir enlevé sa fille contre celui qui recherche quitte à délaisser la sienne; contraste du temps avec une narration non linéaire.


  Car l’étrangeté de Dernière nuit à Montréal vient également de son absence de chronologie, un peu à l’image du film 21 grammes. Exercice risqué surtout pour un roman en raison de l’absence de repères visuels (barbe ou absence de barbe, coiffure différente...) pouvant indiquer à quel moment du temps on se trouve,  il est pourtant parfaitement maîtrisé d’autant plus que l’auteur ne nous donne aucune date ou lieux à chaque début de chapitre. Mais cela fonctionne et l’ensemble s’enchaîne et se lit avec une fluidité déconcertante.


  Lire Dernière nuit à Montréal devient alors un peu comme reconstituer un puzzle, chaque chapitre étant un morceau de l’histoire de Lilia qui se replace petit à petit pour révéler l’image finale.


 Dernière nuit à Montréal est un roman magnifique car il réussit à nous retenir, à créer cette sensation de voir que la fin de l’histoire approche et de ne pas vouloir y arriver trop vite. Pour un premier roman, Emily St John Mandel place la barre très haut. 



CITRIQ

11 sept. 2012

Catherine is back, and it’s the anonymous Voltés who are very contents!


  Attention, que se passe-t-il lorsque vous réunissez «Grenoble», «signature» et... «Catherine Dufour»?!!


  L’occasion de lustrer votre plus beau dentier et de réviser votre vocabulaire («bonjour» «merci» «j’adore ce que vous faîtes») pour venir rencontrer la responsable de ça :




mais surtout de tout ça :



  

Pour savoir où et quand, c’est que ça se passe.

Les voltés anonymes sont contents! Voire hyper contents!!!



10 sept. 2012

Ceci est mon corps . . . aïeu!!!


  Nicolas revient parmi nous et non, il n’est toujours pas content. Envoyé à Castres où une étrange secte semble faire un usage immodéré du sang humain, il découvre une ville où la foi religieuse est toute en bordel! Nicolas décide donc de faire le ménage. Et ça tombe bien parce que Nicolas aime toujours autant les barbecues.

«...temps et espace vacillent, alors que Nicolas Eymerich se dresse contre les ennemis de l’Ordre et de la Foi.»





  Pour ceux qui auraient oublié et pour les autres, voici déjà un petit rappel des bonnes raisons de découvrir ou redécouvrir la série des Nicolas Eymerich : ici et ici.





  Pour le retour de notre inquisiteur détesté, point de nouvelles bonnes raisons, l’essentiel ayant déjà été dit. L’ambiance moyenâgeuse est toujours aussi bien rendue, l’écriture de Valério Evangelisti toujours aussi fluide et élégante, quant à l’objet, il est encore une fois très beau (Grâce en soit rendue à Corinne Billon, Stéphanie Aparicio et Laure Afchain).




  Avant toute chose, un petit détail d’importance est à signaler. Annoncée comme la troisième aventure de Nicolas Eymerich, il semblerait que ce soit en fait la deuxième, Les Chaînes d’Eymerich se déroulant en 1365 tandis que Le corps et le sang d’Eymerich se passe lui en 1358. D’ailleurs, dans Les Chaînes d’Eymerich, un personnage fait à un moment référence à ce que Nicolas a accompli à Castres. Ce petit imbroglio de dates n’est en soit guère gênant car l’aventure se suit et se comprend encore une fois très bien toute seule. Cependant, il faut reconnaître que lire les aventures dans l’ordre peut apporter un plus au niveau de l’évolution du personnage.


  Construite comme les précédentes aventures, c’est-à-dire en deux points du temps, l’histoire nous démontre encore une fois que le moyen-âge, c’était bien pourri surtout si vous étiez une femme, ou un paysan, ou un pauvre, ou un enfant, ou un non croyant... Quant aux années soixante aux Etats Unis, c’était un peu mieux... sauf si vous étiez une femme, ou un noir, ou un pauvre... mais ça allait quand même vachement mieux!


  En commençant la lecture, ma crainte était que l’intrigue soit trop proche de celle des Chaînes d’Eymerich. Toutefois, l’alchimie a encore fonctionné. L’histoire se met bien en place et on se laisse entraîner. Même si je reconnais que Le corps et le sang d’Eymerich est moins palpitant que les autres aventures, il se lit sans déplaisir.


  Au final, Le corps et le sang d’Eymerich s’aborde comme un épisode légèrement moins fort au sein d’une série conçue avec un talent indéniable.


  L’histoire semble trouver un écho dans Le Mystère de l’inquisiteur Eymerich, car si on lit la quatrième de couv’ de ce dernier, on découvre que l’anémie falciforme, maladie au centre de l’intrigue du corps et du sang d’Eymerich, a ravagé la planète. Mais ceci, nous le saurons dans ... le ...prochain épisôôôôôde!!


  En attendant, comme d’habitude, on ne change pas une équipe qui gagne, comme chacun sait, mieux vaut prévenir que guérir, aucun lien fils unique, en conséquence de quoi, achetez La Volte, La Volte vous le rendra!





CITRIQ

4 sept. 2012

Complètement inutile . . . donc parfaitement indispensable 2

  Vous pensiez être le ou la seul(e) à être né(e) avec deux mains gauches, à faire une attaque cérébrale à la simple vue d'un tournevis et à croire que la clé à six pans est l'incarnation absolue du mal? N'avons-nous pas remercié Mr Ikea et ses manuels délirants où il manque toujours une pièce?! Et bien, rassurez-vous, les super-héros aussi aiment la simplicité et eux aussi ont droit à leur manuel de montage! Un petit malin s'est occupé de leur cas :


Le spécial réalisateur, tout le scénario est dans le manuel.




Le spécial complexe d'Oedipe.



Mais surtout, mon préféré, le spécial... "wibbly wobbly timey wimey"... manuel du Tardis!!!!


Vous en avez rêvé? Ben c'est pas moi qui l'ai fait!

Merci à ActuSF pour les liens.